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Interview | Eglantine Reymond (Totoromoon) : "le post-rock est un langage universel"

Photo du rédacteur: Breakfast In BackstageBreakfast In Backstage

Dernière mise à jour : 5 déc. 2022

A l'occasion des dix ans du blog Totoromoon célébré sur la scène parisienne du Supersonic, Breakfast In Backstage a pu rencontrer sa fondatrice Eglantine Reymond. Avec elle, nous avons eu le plaisir de discuter post-rock, bien sûr, mais aussi de Hayao Miyazaki et de la proportion de vaches par habitant en Islande...


Goodbye Meteor, bonjour le parpaing... (© Breakfast In Backstage)

La première question va être ultra-basique : est-ce que tu peux nous présenter Totoromoon et est-ce que ça a un rapport avec Mon Voisin Totoro ?


Eglantine Reymond : Oui, tout à fait (rires). Totoromoon, c'est un blog de musique que j'ai crée il y a dix ans. Avant cela, je travaillais pour un webzine collaboratif où nous étions pas mal de chroniqueurs et puis un jour, j'ai eu envie de fonder mon propre blog pour avoir plus de liberté et donner un ton plus personnel à mes articles. Et donc pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que je suis amoureuse de l'univers de Hayao Miyazaki depuis toujours et que Mon Voisin Totoro est le film d'animation que je trouve vraiment le plus émouvant. Son univers correspond non seulement à la musique que j'aime écouter, mais aussi aux valeurs que j'ai envie de véhiculer avec mon blog : il est à la fois très onirique, très poétique, riche de bienveillance, de tendresse, de partage et propice à l'évasion... Mais aussi ancré dans le réel car très attaché au respect de la nature, ce qui est un thème toujours prégnant chez Miyazaki. C'est quelque chose que l'on retrouve beaucoup dans la musique que j'écoute et chez les artistes qui la créent : l'attachement à la nature, la bienveillance, le partage, la gentillesse, la sensibilité...


Tu dirais que ce sont des valeurs qui caractérisent la musique post-rock, selon toi ?


E.R. : En fait, au fur et à mesure de mes nouveaux contacts avec des musiciens, des attachés de presse ou des labels spécialisés dans le post-rock, j'ai vraiment découvert une communauté très bienveillante avec des gens très sensibles, très humains... Au départ, Totoromoon n'était d'ailleurs pas forcément uniquement orienté vers le post-rock même si c'est un style que j'aime et que j'écoute depuis plus de vingt ans. J'ai commencé à chroniquer un peu de post-rock sur le blog et avec le bouche à oreille, les groupes de post-rock se sont rendus compte que j'en chroniquais et comme il n'y a pas beaucoup de médias qui parlent de ce genre, ils ont commencé à me contacter pour m'envoyer leurs musiques. Puis ça a été les maisons de disques, etc... Après je chronique aussi du néo-classique, un peu de dream pop, de folk, de shoegazing. Bon, et puis aussi un peu de cold wave. Ça me rappelle un peu mon enfance, comme je suis un peu vieille (rires)...



Puisqu'on évoque le sujet, comment tu expliques que la scène post-rock soit à ce point underground voire carrément invisibilisée en France - qui a de manière générale un rapport "ambivalent avec le rock - par rapport à un pays comme l'Islande qui a 300 000 habitants dont 12% de vaches ? C'est pas faute d'avoir quelques groupes comme Bruit, Monolithe...


E.R. : Malheureusement, ça reste une scène quoiqu'il arrive toujours assez underground. C'est une musique qu'il faut prendre le temps d'apprécier, d'écouter vraiment... Le post-rock est rarement diffusé en radio et ne s'écoute pas "entre deux portes", surtout quand c'est un morceau de dix minutes.


Et toi, comment t'es tombé dedans, du coup ?


E.R. : J'ai découvert le post-rock sans savoir que c'était du post-rock avec un album de Sigur Rós que j'ai adoré. Puis je suis tombée sur Explosions In The Sky, Godspeed You! Black Emperor, A Silver Mount Zion, This Will Destroy You, Mono, tous ces groupes que j'adore... Et j'ai découvert que ça, c'était le post-rock.


Qu'est-ce qui t'a accroché musicalement dans le post-rock ?


E.R. : Ce que j'aime dans le post-rock, c'est l'usage d'un instrumentarium rock pour créer de nouvelles sonorités. J'adore les guitares aériennes, les constructions mélodiques progressives et répétitives qui vont de douceur en explosion... A chaque fois, c'est un vrai voyage dans lequel il faut se laisser emporter complètement. J'aime aussi le fait que c'est une musique qui a un langage universel. Comme il y a très peu de groupes de post-rock qui chantent, il n'y a pas la barrière de la langue. Du coup, c'est un genre qui peut s'exporter partout, être écouté par tous et dans lequel chacun peut s'identifier, imaginer en écoutant un morceau ce qu'il a envie d'imaginer, d'effectuer le voyage qu'il a envie de faire et c'est ça qui m'a beaucoup plu dès le début. En plus à la base, j'ai une formation classique - je suis pianiste - et il y a une grande influence du classique dans ce courant avec notamment de plus en plus de groupes qui font appel à du violon, du violoncelle - notamment Bruit par exemple...



Aujourd'hui, tu fêtes les dix ans de Totoromoon au Supersonic. C'est la première soirée du genre que tu organises ?


E.R. : C'est la première que j'organise, moi (rires). En fait, c'est parti d'une discussion avec mon compagnon il y a quelques mois. Comme c'étaient les dix ans du blog, j'envisageais de faire un jeu concours. Il m'a demandé : "pourquoi tu n'organiserais pas plutôt une soirée-concerts au Supersonic, puisque tu connais bien le lieu et l'équipe ? Et puis tu connais tellement de groupes de post-rock que bon, il y en aura forcément qui voudront jouer". Je lui ai répondu que Totoromoon c'est pas grand chose, que le Supersonic ne serait pas forcément chaud... Du coup il a écrit à ma place à Aurélien [Ndlr : le programmateur du Supersonic] qui dans la foulée m'a répondu "hé Eglantine, il paraît que t'as envie de fêter les dix ans de Totoromoon au Supersonic, c'est une super idée". Il m'ont laissé carte blanche pour inviter les groupes que je voulais faire jouer et organiser la soirée comme je l'entendais. Donc j'étais ravie.


Tu peux nous parler des trois groupes qui joueront ce soir ?


E.R. : J'ai d'abord contacté deux groupes français, Goodbye Meteor et Mime. Goodbye Meteor, c'est du post-rock atmosphérique à la Explosions In The Sky, typiquement un style que j'adore. Je suis très contente de pouvoir les avoir ce soir, d'autant qu'ils viennent de la Somme donc ils ont eu un petit peu de route pour venir. Mime est plus proche de la scène sludge, un autre courant proche du post-rock, sombre et très intense, qui apporte de la complémentarité avec le reste de l'affiche. J'ai invité également comme tête d'affiche Yndi Halda, un groupe britannique que j'adore. Malheureusement, leur violoniste a eu un grave accident le mois dernier et ils ne peuvent donc pas être là ce soir. C'est Carmen Sea qui les remplace au pied levé, un groupe français que j'adore aussi et qui est dans un registre un peu plus noise, avec également du violon, des expérimentations sonores travaillées un peu différemment... Du coup on a trois groupes vraiment issus de la scène post-rock française, avec chacun leurs personnalités à part entière et qui vont très bien se compléter pour la soirée de ce soir. Je suis vraiment très contente d'avoir pu les programmer.


De gauche à droite : Alexis Perez, Kevin Letalleur (Breakfast In Backstage) et Eglantine Reymond (Totoromoon) - ©Lauriane Bieber









Propos recueillis par Kevin Letalleur & Alexis Perez dans les loges du Supersonic, à l'arrache pendant les balances de Goodbye Meteor et en gênant le passage du personnel de l'établissement.


PS : Un grand merci à Eglantine Reymond pour sa gentillesse et sa disponibilité.

 






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