Aujourd'hui, l'intrépide Badtrip Bruel chronique Get Rollin', le dernier Nickelback. Avouez-le, vous ne l'aviez pas vu venir, celle-là...
"Hein ? Nickelback ? Mais pourquoi ?" Sous ce questionnement, j’en vois déjà certains qui n’étaient peut-être pas nés à l’époque de How You Remind Me, power ballad turbo-compresseur du combo, sortie en 2001 qui aura su émouvoir jusqu’à ta maman - Eh oui, Il se peut que tu aies été conçu.e sur cette chanson chèr.e ami.e, sache-le. D'autres qui, le sourire en coin, attendent de cette chronique des coups, du sang et de la violence parce que Nickelback "c’est pas du Trve Metal". La vidéo ci-dessous vous permettra de vous rafraîchir la mémoire si besoin ou, le cas échéant, de me maudire à tout jamais. C’est bon, vous êtes remis ? Bien, commençons alors. Si effectivement nous nous rappelons d’eux grâce à ce tube, n’oublions pas que les Canadiens font aussi et avant toute autre chose du Rock. Du "vrai", du lourd, "pour les tatoués". Et par égard envers cet état de fait, je me dois de rester objectif.
Derrière le parfum du mépris, l'effluve de la jalousie ?
Parlons chiffres, la musique viendra plus tard. Je sais, c’est dans l’ordre inverse des choses mais il faut mettre un peu de contexte pour expliquer la suite. Donc Nickelback, c’est quoi ?Pour commencer, c'est plus d’une vingtaine de singles qui se sont hissés tout en haut de différents charts, d’albums ayant engendrés des tournées plus que complètes autour du globe et de dizaines de millions de fans qui patientaient sagement en attendant la sortie de Get Rollin'. Donc, à l’heure où des combos estampillés "gardiens du temple" ou mieux, "puristes" - j’adore ce qualificatif car il est souvent, mais pas toujours, le signe d’une étroitesse d’esprit flagrante - crèvent la dalle dans une cave obscure, Nickelback engrange les disques d’or et de platine, prêchant la parole d’un rock aux sonorités modernes et ouvert au plus grand nombre. Cela fait-il pour autant de Nickelback un mauvais groupe, doublé d'un traître à sa cause ? Pas forcément...
Tiens, prend ce San Quentin - rien à voir avec celui de Johnny Cash - introductif, l’un des meilleurs morceaux de Get Rollin'. Je te défie de ne pas taper du pied dessus. Il s’ouvre sur un roulement de batterie toutes griffes dehors, un riff simple mais entraînant et un rythme up tempo qui fait très bien le job. Rien qu’avec San Quentin, tu as l’essence de ce qui fonctionne chez Nickelback : c'est l’intro parfaite. Elle signale les intentions de la bande à Chad Kroeger, chope immédiatement ton attention en criant : "Hey tu nous attendais depuis cinq ans, nous revoici". Ensuite, il y a Skinny Little Missy brassé plus ou moins dans le même tonneau - en plus Heavy toutefois - prolongement idéal de l’intro. Riff de 8 tonnes, refrain catchy, petit break vocal vaguement bluesy sur les bords. Je mets un billet de cinq euros sur la table que tu as ici un autre single en or massif. Et si j’ai tort, de toutes manières, tu ne verras pas la couleur de la monnaie.
Des morceaux comme ceux là, Nickelback a pris soin d’en truffer quelques-uns dans Get Rollin' et, pour peu que l’on soit sensible à ces ambiances moitié heavy rock/metal moitié pop, ça marchera. A titre d’exemple, je t'invite également à écouter Vegas Bomb ou encore Standing In The Dark. Ca, c’était pour les titres dynamiques et réussis de ce nouvel opus. Mais comme le groupe est très professionnel - et surtout qu’il a compris depuis longtemps que ses fans n’attendent pas que cela, il y a des choses beaucoup plus accessibles voire sucrées... Et malheureusement, c’est un peu aussi là que le bât blesse, selon le proverbial adage.
Get Rollin', est-ce si nickel ?
Si de ce coté là, nous pouvons être agréablement surpris avec le plutôt sans prétention, rigolo et réussi High Time (une ode à l’herbe qui fait rire, précision inutile je crois) sous perfusion légèrement country - de mémoire une première chez Nickelback, de grosses défaillances pointent le bout de leur nez pas plus tard que… Maintenant. Comme je le disais plus haut, "How You Remind Me, le succès, blablabla". Et bien voyez-vous, le problème quand on a cartonné avec un titre plus que retentissant, c’est qu’on sera toujours comparé à ce dernier et condamné à faire mieux... Du moins dans la tête des gens, parce que les Nickelback eux, ont apparemment évacué la question en choisissant de ne pas faire de clone de leur hit. Ou tout du moins, pas de chanson qui lui ressemblent autant en tout cas.
C’est tout à leur honneur n’est-ce-pas ? Oui, c’est vrai. Le souci, c’est qu’aucune des ballades présentes sur Get Rollin', tout aussi romantiques et bien produites soient-elles, n’ont la force de frappe de How You Remind Me. Du coup, j’ai pour ma part la désagréable sensation depuis des années et au fil des singles de la même trempe, que Nickelback, sans forcément chercher à réitérer le formidable coup de poker que fut leur hymne, n’arrive pas à s’en détacher si facilement. Ils aimeraient bien mais… Non. Il manque toujours la petite étincelle qui pourrait faire oublier leur giga-tube planétaire. Les chansons comme les très AOR (Adult Oriented Rock) Tidal Wave et Steel Still Rust tentent bien quelque chose - assez honnêtement d’ailleurs - mais rien n’y fait. Il n’y a pas, si j’ose dire, la profondeur de How You Remind, le "muscle" en plus qui ferait qu’elles arriveraient à la hauteur du "titre maudit". Correctes certes, écoutables évidemment, mais pas inoubliables.
Entre les deux facettes des Canadiens - celle rock et l’autre, plus soft - ils nous donnent à écouter le Poppy Just One More en guise de final. La chanson Horizon dans le dernier tiers, plutôt plate et entre deux chaises, manque de relief tel que son nom semble l’indiquer. Alors voilà, les amis : tout ceci me rappelle les critiques que l’on pourrait appliquer à des milliers de groupes, notamment celles où l’on revient sur la difficulté d’être totalement original. Doit-on innover à chaque fois, à chaque sortie de disque ou se contenter d’appliquer une recette qui a fait ses preuves ? Nickelback a choisi depuis longtemps l'entre-deux...
Encore une fois, à l’instar de High Time, nous constaterons que la surprise peut faire partie de l’équation mais que le reste évolue dans des sphères conventionnelles délimitées par une formule efficace bien que trop établie. En bref, si tu aimes Nickelback, il n’y a pas de raisons pour que cela change réellement. Il s’agit toujours du combo qui sait ce que son public attend de lui - un peu trop peut-être - et qui lui offrira ce pourquoi il achète son disque ou se pointe aux concerts. Si tu n’aimais pas avant, même constat. L’écoute de Get Rollin' ne te fera probablement pas changer d’avis. Reste un disque bien produit, qui offre de tout avec parcimonie pour tout le monde, à quelques inconsistances près.
Ni totalement décevant, ni complètement renversant, il s’agit d’un relativement bon disque de rock grand public-friendly - et c’est loin d’être un mal - mais clairement perfectible par moments. Néanmoins, que les stades se rassurent, ils seront de nouveau pleins à craquer lors de l’annonce d’une tournée, sur la foi des singles qui seront extraits de Get Rollin'... Et Nickelback terminera ses shows par How You Remind Me , histoire que tout le monde rentre chez soi pleinement satisfait....
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