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Photo du rédacteurBadtrip Bruel

Chronique | Candlemass - Sweet Evil Sun

Les Suédois de Candlemass, piliers du doom européen, sont de retour avec Sweet Evil Sun. Un treizième album qui se pose dans nos enceintes avec l’assurance et la tranquillité d’un pachyderme métallique. Le chiffre treize leur a-t-il porté bonheur ? C’est ce que nous allons voir.


Bref rappel historique. Candlemass voit le jour en 1984 sous l'impulsion de Leif Eidling, bassiste de son état. Après Epicus Doomicus Metallicus, leur premier album - considéré de nos jours comme l’un des classiques du doom, le groupe originaire de Suède s’impose comme le nouveau fer de lance d’un genre encore à l'état d'embryon et fortement imprégné par ce qui se fait de plus lourd du côté de Black Sabbath. Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter le "Sabbat Noir" ni de vous rappeler qu’ils ont inventé le heavy metal mais sachez néanmoins que la formule qui fut pratiquée par les Anglais depuis la fin des 60's reste pour beaucoup le modèle à suivre musicalement - y compris en 2022. Certains l’ont accéléré afin de donner naissance à d’autres sous-genres du metal (thrash, death, speed et tutti quanti) tandis qu’une multitude de groupes sont restés sur une approche quasi-inchangée. Candlemass fait partie de cette catégorie, en y toutefois apposant leur griffe : une touche plus mélodique par-ci et des chœurs judicieusement placés par là suffisent à distinguer le combo suédois de la concurrence au fur et à mesure des sorties d’albums. Le doom fait partie de ces musiques très codifiées. Pour autant Candlemass s’approprie les lois du genre afin de mieux les sublimer. Mais l’heure tourne, je vous fais donc grâce de la suite du cours d’histoire pour attaquer ce pour quoi vous êtes en train de lire cette - beaucoup trop - longue introduction.



Candlemass, plat comme une crêpe ?


A l'image de son nom, qui évoque ce jour de l’année - la chandeleur - où l’on s’empiffre avec cette fine pâte recouverte de délicieuses matières calorifiques nous faisant immédiatement sentir coupables - ou pas d’ailleurs - au moment de monter sur la balance, Candlemass prend grand soin de combler notre appétit musical sans remord. Sweet Evil Sun s’ouvre sur Wizard Of the Vortex, un titre où le temps semble s’étirer lentement sur fond de riff marteau-pilon. Le quintet débute le disque de la meilleure des façons en nous narrant la description d’un sombre sorcier qui a "volé nos espoirs et nos rêves de notre sommeil" et qui est "le symptôme de notre époque". Toute référence à notre contemporanéité serait purement fortuite et relève du domaine de l’heroic fantasy, bien entendu. Candlemass a beau composer des titres monolithiques, il n’oublie pas le groove. Preuve en est avec le morceau suivant Sweet Evil Sun la chanson qui donne son nom à l’album.


Je parlais plus haut d’inspiration sabbathienne : en voici la démonstration. Le titre renverra l’auditeur aux premiers opus de la bande menée par Ozzy Osbourne, avec toutefois un atout majeur : une production ample qui laisse la composition prendre toute la place et envahir vos tympans, assourdissante dans le bon sens du terme. Du Super AVEC plomb. Dans la même veine talentueuse option "sculpteurs de menhirs", Angel Battle. Avec ses 6'29 au compteur, il y a largement de quoi faire pour varier les atmosphères. Le morceau reflète très bien le savoir-faire du groupe en démarrant par un riff menaçant ultra-lourd avant d’accélérer le mouvement puis de le faire retomber instantanément. Candlemass, comme nous allons le voir, aime jouer avec les rythmes et évite le piège parfois si séduisant de jouer heavy pour paraître heavy. Dans le doom, ce n’est pas si évident et pour cela, je tiens à leur rendre grâce.


Un soleil lourd et cuisant.


Autres moments de bravoure similaires, When Death Sighs et Devil Voodoo lamineront tout espoir futile de résistance. J’ajoute également que si l’album est pour moi une réussite, c’est aussi en grande partie grâce au travail admirable du chanteur Johan Längvist. Ce gars sait se mettre au service des ambitions d’un morceau. Il se montre tour à tour mélodique, appuie sur sa voix dans LES moments plus agressifs, prend des intonations qui donnent le supplément d’âme nécessaire à notre implication lors d’une écoute attentive de Sweet Evil Sun. Il fait le job comme on dit. Et pas qu’un peu. Allez jeter une oreille à Devil Voodoo pour qu’on en reparle. Il faut aussi mettre en valeur les interventions du guitariste Lars Johansson. Ce dernier taille dans le gras avec aisance ainsi qu’un excellent sens de la ponctuation sonore. En sus, on pourrait croire que sur des tempos souvent lents, la section rythmique ne fait presque rien. C’est faux car la paire basse/batterie (dans l’ordre Leif Eidling / Jan Lindh) donne dans le consistant. Elle fait office de formidable support à des compositions bâties comme des cathédrales de décibels - désolé pour ce clin d’œil facile à un autre groupe important dans le doom - et porte toute la profondeur des chansons sur ses épaules.


Des moments épiques, Sweet Evil Sun n’en manque pas. Je citerai, hormis les morceaux déjà détaillés, un Black Butterfly aux allures très Iron-Manesques dans son feeling général et sa construction - les trois premières secondes de batterie et le morceau entier - sans être pour autant une repompe du célèbre titre de Black Sabbath. Scandinavian Gods, avec son refrain paré pour être chanté à tue-tête en live et ses guitares à peine moins présentes amène une respiration bienvenue au milieu de la plongée en apnée que propose le reste du disque.



La conclusion de toute cette histoire chers lecteurs, la voici : si vous aimez les riffs plombés mais pas plombant, qui savent mettre en évidence un talent pour la composition de titres et vous remueront profondément les tripes - mais au ralenti, c’est la règle ici - alors foncez. Avec Sweet Evil Sun, Candlemass livre un excellent disque, largement apte à concourir pour la couronne d’album de l’année dans le genre. Rien que ça. Il faut se rendre compte d’une chose : pour des groupes qui vénèrent autant une période si particulière du heavy metal et qui œuvrent dans un genre sous-représenté, l’exercice du renouvellement n’est pas chose aisée sur une longue carrière. Pourtant Candlemass s’extrait une nouvelle fois de la meute et relève le défi avec brio. Que cela soit écrit, que cela soit dit !



 

Candlemass - Sweet Evil Sun sur Deezer :



Candlemass - Sweet Evil Sun sur Spotify :



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