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Chronique | Tallah - The Generation of Danger

Photo du rédacteur: Badtrip BruelBadtrip Bruel

Les Pennsylvaniens sont l’un des porte-étendards du revival nu metal qui semble sévir actuellement. Fort d’un premier album sorti en 2020 – Matriphagy - Tallah enlève les clous du cercueil d’un mouvement musical que l’on pensait enterré à tout jamais. Faut-il ressortir nos vieux baggys et nos casquettes DC Shoes pour autant ?



Alors comme ca, on ne m’avait rien dit ? Le nü metal, ce courant issu du rock qui mélangeait grosses guitares, rap, alt-rock, new wave, techno, industriel et un peu tout ce qui lui passait sous la main avec plus ou moins de talent et de réussite, remet sérieusement le couvert en 2022 ? Si on m’avait prévenu, je m’y serais préparé. Ce n’est pas que le menu semble dégoûtant, loin de là, mais le nü metal, ou néo metal ? Nous allons vers qui ? Vers quoi ? D’autant plus que le genre doit avoir… 25, 30 ans ? Ce n’est plus si nouveau…


Nu American Nightmare ?


L’Ouest des USA vient-il de nous envoyer un autre missile air-sol censé redéfinir une mode ? Pas du tout les enfants, nous nous orientons vers la Pennsylvanie. Ce qui, vous en conviendrez, ne ressemble pas à la Californie et ses beaux gosses peroxydés en short cargo qui formaient l’essentiel du public « Néo » au milieu des 90’s jusqu’au début des 2000’s pour son pic de popularité. Il faut savoir qu’en ces temps reculés, le heavy metal dit « traditionnel » s’était déjà pris une méga-gifle par le grunge. Kurt Cobain, Chris Cornell, Eddie Vedder et compagnie avaient redistribué les cartes de toute une génération de rock fans, euthanasiant les excès sonores et scéniques de la décennie précédente - fertile en guitar-heroes et chanteurs maquillés à la chevelure permanentée - représentés par des groupes tels que Mötley Crüe, Bon Jovi, Ratt, Cinderella, Poison etc...


Tous ces noms furent les symboles d’un rock hédoniste, idolâtrant religieusement le sex, drugs and rock n’roll. Une sacrée époque, permettez moi de vous le dire. La suite eut des allures de réveil difficile. Des cendres de cette ère émergèrent des combos influencés par pas mal de choses autres que le rock. En vérité le heavy metal "à l’ancienne" ne reprendra jamais totalement la place qui fut la sienne, à l’exception des mastodontes du genre. Une grande partie de la jeunesse ne se sentait plus concernée par : au mieux des paroles qui racontaient des histoires de héros tuant des dragons ou au pire glorifiant une vie de débauche - le fameux Live Fast, Die Young. Suite au grunge qui fit le ménage, intervint la naissance du nu metal, cette musique lourde puisant sa source auprès de groupes comme, au hasard, Rage Against The Machine, Faith No More, Primus, Sepultura, Pantera… Autrement dit des groupes plus "authentiques"que ceux des 80’s. Le rap avec ses commentaires sociaux fit également partie de ces nouvelles musiques qui façonnaient l’inconscient musical des jeunes. Il ne fut donc pas étonnant d’en retrouver une pincée sous quelques formes que ce soit parmi les Korn, Limp Bizkit, Deftones, Papa Roach… pour citer certains combos proéminents d’alors.


Tallah classe, coco ?


Toutefois, de hip-hop il n’en sera (presque) point question ici. Tallah et ce Generation Of Danger font dans un nu metal dans lequel subsistent à l’intérieur du disque plus que quelques relents de ces jours glorieux à l’image des Telescope, Dicker’s Done, Shaken, Not Stirred qui pourront vous remémorer les premiers faits d’armes d’un Slipknot, en plus barbare. La présence assez forte d’éléments électroniques dans certaines chansons en y injectant de nouvelles influences telles que le deathcore fera office de sang neuf.



Cette même approche chaotique/mélodique, ce goût commun pour la schizophrénie sonore ainsi que pour la surenchère est présent sur toute la longueur du disque. En vérité j’ai énormément pensé au combo de Des Moines sur leurs deux premiers disques lors de mes écoutes pour faire cette chronique. Tallah entretient – bien involontairement je suppose - cette sensation trouble d’avoir affaire au rejeton direct de Slipknot sans qu’il lui ressemble tout à fait. Comme s’il s’agissait d’un enfant illégitime dont on ne saisirait pas exactement toute l’ascendance. Une sorte de jeune frère déviant partageant un ADN semblable.


Concernant le morceau d’ouverture - Mud Castle - Tallah a du beaucoup apprécier Gently, le titre de Slipknot sur IOWA. Sans tout à fait être son sosie musical, le feeling général du morceau proche d’une descente en enfer psychologique vient plus ou moins du même canevas. Néanmoins il faut leur reconnaître une qualité et pas des moindres : la puissance de feu qui émane de The Generation of Danger est grande, très grande. Si vous aimez vous prendre un parpaing de béton en pleine tête, c’est le disque parfait.



Seul véritable moment de relative tranquillité, How Long!, le morceau qui cessera les hostilités sera plus calme que le reste. Intro douce puis chant balayant le spectre allant du hurlement au chuchotement, beats paraissant être frappés sur des bidons d’essence métalliques comme vous-savez-qui, montée en puissance heavy… à quelques détails près, il y a ressemblance trop apparente à n’importe quel groupe lambda labélisé « néo » issu de la mi-90’s. Ne vous méprenez pas, The Generation of Danger n’est pas un disque exécrable et on ne peut pas en vouloir à un groupe de s’inspirer / rendre hommage/ s’identifier à ses pairs. Cela peut faire partie de l’essence de la création. Le potentiel est là pour que Tallah vole de ses propres ailes - c’est même encourageant pour un troisième album - mais en attendant il doit apprendre à s’émanciper d’influences bien trop visibles aujourd’hui. Les riffs, les scratchs, le chant mi-rappé mi-hurlé (par moments un peu surjoué aussi à mon avis) et autres growls, tout ceci a déjà été entendu précisément chez leurs illustres ailleuls. Presque trop. Et il y a longtemps. Pour ma part je n’y vois que la mise à jour d’une époque ou d’un genre entier.


Malgré tout le modèle et l’interprétation sont plutôt bons sans toutefois faire preuve d’une originalité folle. Il ne reste plus qu’à y incorporer assez de personnalité propre pour réellement se débarrasser d’une étiquette qui pourrait très vite devenir encombrante.



 

  • Tallah - The Generation of Danger sur Spotify :


  • Tallah - The Generation of Danger sur Deezer :



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